Louis est libre et soulagé de s'être désengagé du mariage... mais en même temps il culpabilise :
en ne se mariant pas et n'ayant pas d'héritier il "trahit" sa dynastie et la Bavière !

De plus, et surtout, ce jeune homme romantique, passionné des légendes chevaleresques germaniques
et de l'épopée wagnérienne n'accepte pas la tendance qui l'attire vers les hommes.

Psychologiquement fragile (comme beaucoup de Wittelsbach) cette lutte contre lui-même va le miner, le déstabiliser, le faire se replier et, en exutoire, développer son goût immodéré pour les constructions.

En 1868 il décide la reconstruction d'une forteresse en ruines près de Hohenschwangau, sur un piton rocheux à 10000m d'altitude, ce sera un château médiéval à la gloire de l'oeuvre de Wagner ;
il prendra le nom de Neuschwanstein.


Ci-dessus : Neuschwanstein

Ci-contre : Dans le château,
la légende de Lohengrin
(le chevalier au cygne)


 
A partir de 1869, et pratiquement jusqu'à sa mort, Louis va tenir un "journal intime"
où se révèlent ses états d'âme et sa schyzophénie grandissante.

Cependant il est très lucide et c'est la mort dans l'âme qu'il se résigne, en 1870, a entrer en guerre aux côtés de la Prusse contre la France... s'il ne le faisait pas c'en était fini de l'indépendance de la Bavière. De même il se résignera pour les mêmes raisons, comme les autres princes des Etats allemands,
à proposer après la victoire la couronne impériale au roi de Prusse, Guillaume 1er, en 1871.

La même année Louis II projette déjà la construction de Linderhof, réplique du petit Trianon de Versailles, qui sera commencé en 1875

- Depuis 1867 il a auprès de lui un écuyer du nom de Richard Horning qui, avec le temps, va devenir un ami très intime ; peut-être leur relation n'a t-elle- pas été aussi physique que certains écrits pourraient le laisser penser car Louis refuse son homosexualité et lutte sans cesse contre (comme le montre son "journal intime"). -

En 1874 il refait, incognito, un voyage en France pour revisiter principalement Versailles ;
son admiration pour Louis XIV et les Bourbons n'a pas cessé de grandir.
L'année suivante il retournera en France pour visiter Reims, "capitaledu sacre des rois de France".

Linderhof sera le seul château terminé du vivant de Louis II et dans lequel il se plaira à vivre.



Linderhof

Depuis 1871 le Gouvernement connait de graves crises et le roi ne s'y intéresse guère.
Les ministres se succèdent et le souverain ne fait que quelques apparitions à Munich (éventuellement pour assister à des opéras de Wagner - l'Ami - comme il le désigne dans sa correspondance) préférant la vie près de la nature, en montagne, d'un château à l'autre.
Il vit beaucoup la nuit, fait donner des représentations musicales et théâtrales pour lui seul et est de plus en plus solitaire... excepté la présence des "favoris" qui se succèdent (après Horning ce sera, brièvement, le baron deVaricourt (son aide de camp), puis le chanteur Joseph Kainz.




En 1875 il renoue avec "Sissi" avec laquelle il était brouillé depuis sa rupture de fiançaïlles avec la soeur de celle-ci. "La Colombe" et "L'Aigle" (comme ils s'appellent dans leur correspondance) se revoient parfois en Bavière ;
elle seule le comprend vraiment.

Le comportement de Louis est singulier ; on dit que seul, il s'entretient avec Louis XIV ou Marie-Antoinette... Afin d'éviter de voir du monde il a fait installer dans son château une table qui monte, toute garnie, de l'étage inférieur afin de prendre ses repas sans être dérangé.
Il mange et boit beaucoup. Le jeune et beau jeune roi a fait place à un personnage empâté aux dents gâtées par les sucreries.

En 1883 la mort de Wagner le laissera prostré plusieurs jours et il lui fera des funérailles grandioses, auxquelles il n'assistera pas (toujours sa peur de la foule) et dans les semaines qui suivront il se fera représenter, dans l'ordre chronologique, toutes les oeuvres du maître.

Quelques années auparavant, Louis II, en 1878, a posé la première pierre de son dernier château, sur une ile du plus grand lac de Bavière, le Chiemsee, ce sera Herremchiemsee. Un rêve de pierre, copie de Versailles !C'est un gouffre financier qui amène la Bavière au bord de la ruine... et le roi n'y passera qu'une seule nuit, en 1885 ; le château ne sera achevé qu'après sa mort !



Herremchiemsee


Herremchiemsee : la galerie des glaces

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