La
Fuite
1) Les préparatifs
:
Le départ de la famille royale qui eut lieu dans la
nuit du 21 au 22 Juin 1791
était envisagé depuis la
fin de l'année 1790 et préparé
soigneusement
par le Comte de Fersen.
En effet, depuis leur retour à Paris, les souverains
étaient quasiment "prisonniers"
aux Tuileries !
Tous leurs déplacements hors du château sont
soumis à l'approbation du
Président de
l'Assemblée... et ils sont, à
l'intérieur même du palais, constamment
surveillés par les garde-nationaux, même si le
protocole monarchique reste encore assuré.
Mais le Roi, comme d'habitude, tergiverse.
Il espère, peut-être, que les choses se
calmeront et que la situation de la famille royale pourra
s'améliorer, voire peut-être reprendre une
partie de ses prérogatives et regagner
Versailles...
Pourtant Mirabeau, en secret,
incite le Roi à quitter Paris sachant bien ce qu'il
risque ici.
|

A gauche, Fersen,
initiateur de la fuite.
A droite, Mirabeau,
élu du Tiers-état mais secrètement
partisan d'une Monarchie constitutionnelle, mais où
le Roi
ne serait pas qu'un fantoche.
Malheureusement pour la famille royale
il meurt en Avril 1791.
|

Le général de
La Fayette
|
2) Le déclencheur
:
Comme l'année précédente, en
Avril 1791, le Roi souhaite
"faire ses Pâques" à Saint-Cloud.
La famille monte en carrosse mais, sur la place du
Carrousel, elle est arrêtée par une foule
grondante qui suppose, probablement à juste titre,
que le Roi veut célébrer Pâques avec un
curé "non-jureur" à la Constitution
civile du Clergé que Louis
XVI s'est vu contraint et forcé de
ratifier.
Malgré les ordres de La
Fayette, commandant de la Garde nationale, et
de Bailly , maire de Paris, la
troupe s'allie au peuple et barre la route.
La famille royale doit regagner le palais.
Cette fois le Roi, comprenant que la situation devient
très dangereuse pour sa famille, se décide
enfin au départ. Il ne
compte pas quitter la France mais se réfugier dans
une place-forte du nord-est de la France, sous
l'autorité du marquis de
Bouillé.
Mais si le plan a
été bien conçu (il sera malheureusement
mal exécuté par des gens pas très
capables) le premier problème va être de
quitter les Tuileries de nuit alors que gardes et valets
dorment derrière les portes des chambres du Roi, de
la Reine et des enfants royaux !
|
2) La tragique équipée
:
Le Départ se passe assez bien puisque, malgré
cette surveillance permanente, à l'aide de divers
subterfuges, portes dérobées, etc... tout le
monde va parvenir à quitter les
Tuileries, à partir de
23 heures. D'abord le Dauphin,
sa soeur et leur gouvernante (Mme de
Tourzel) guidé par
Fersen.
Le Roi et la Reine participent aux cérémonies
du coucher puis s'esquivent, séparément, et se
retrouvent (tardivement pour
Marie-Antoinette) dans un petit
carrosse de ville
avec la soeur de Louis XVI
(Mme Elisabeth). Un peu
avant 2 heures, le
21 juin, la famille est
réunie mais avec déjà une heure et
demie de retard sur l'horaire prévu.
Ils voyagent, déguisés (le Dauphin est
habillée en fille...), avec de faux passeports
sous des noms d'emprunt, Mme de Korff
-Mme.de Tourzel- et ses proches...
Premier relais à Bondy
où Fersen, pour raisons
de sécurité, les quitte.
|
- 1 -
Pendant ce temps les hussards et dragons du
marquis de Bouillé
doivent aller cantonner à
Clermont et à
Sainte-Menehould afin de
protéger la route de
Montmédy (non loin de la
frontière)
où la berline royale doit se rendre.
A Paris, à
7 heures, le valet de chambre
s'aperçoit de l'absence du Roi mais l'alerte ne sera
donnée que plus tard car on suppose qu'il est chez la
Reine... que l'on réveille plus tardivement.
En fin de matinée les
fuyards sont à
Montmirail
(avec 3 heures de retard).
A Sainte-Menehoulde et à
Clermont la population
s'interroge sur cette arrivée de soldats
et la garde-nationale se met en alerte.
A Paris La Fayette, qui craint
pour sa crédibilité donc pour sa vie, envoie
des courriers un peu partout pour arrêter la famille
royale.
Après divers arrêts dus à des incidents
(roue cassée, chevaux fourbus, ...) la berline arrive
au relais de Châlons
(4 heures de retard). Le Roi commet
l'imprudence de bavarder avec les habitants...
A Pont de Somme le
détachement de cavalier qui a été
envoyé pour escorter la berline royale attend depuis
plusieurs heures sous la surveillance menaçante des
paysans. C'est probablement là
"le noeud de
l'affaire".
Si le jeune duc de Choiseul qui
commandait ce détachement avait simplement fait
replier ses cavaliers un peu plus tôt, sans les
éloigner, et avait eu la patience d'attendre encore,
la situation pouvait être sauvée ; mais, devant
l'attitude des paysans il décida de quitter les lieux
pensant que le départ du Roi avait dû
être annulé !
Vers 20heures la berline arrive
enfin au relais de
Sainte-Menehoulde. Le
maître de Poste,
J-B. Drouet, reconnaît le
Roi et en avertit la Municipalité.
La voiture est repartie quand on
décide d'envoyer
Drouet prévenir
à
Varennes.
Au passage de la berline, à
Clermont,
les dragons refusent les ordres de l'accompagner... bien
qu'ils ignorent ce qu'elle renferme.
Il est près de 23
heures quand la famille royale
arrive enfin à
Varennes
où, à sa grande surprise, il semble que
personne ne l'attend. En effet les soldats se sont
égayés dans les auberges et, vu le retard,
sont ivres pour la plupart.
--->
|
- 2
-
Le lieutenant
Bouillé (fils du
marquis) n'est averti que trop tard et est incapable de
rassembler ses hommes (l'essaie-t-il dailleurs ?)
Drouet
prévient le
procureur-épicier
Sauce qui fait entrer la
famille royale dans sa maison .
Le juge
Destez
confirme l'identité du Roi .
Le tocsin sonne dans la ville et les gardes-nationaux,
hostiles, se rassemblent
autour de la maison.
Deux envoyés de l'Assemblée nationale qui ont
rejoint Varennes" à bride abattue"
pénètrent alors et font part au Roi du
Décret
d'arrestation.
A cette lecture Louis
XVI aurait dit :
"Il n'y a plus de Roi en France", pour ce qui est en
effet le glas de la
Monarchie.

L'arrestation du Roi
Commence alors une nuit
dramatique pour les fugitifs
qu'une foule grondante entoure.
Le Roi arrive cependant à envoyer un messager
auprès du marquis de
Bouillé
espérant son arrivée pour le délivrer.
Pour celà il parlementera et tergiversera toute la
nuit (on lui proposera même de forcer le passge
à cheval, aidé par quelques cavaliers enfin
rassemblés, mais craignant pour sa famille il
refusera).
Au petit
matin, la foule autour de la
maison se faisant de plus en plus menaçante il doit
cèder et la famille se réinstalle dans la
berline qui, malgré l'ordre royal : "Cocher,
à Montmédy !"... prend
définitivement la route
de Paris.
Moins d'une demi-heure
après l'avant-garde de
l'armée de
Bouillé
arrivait à
Varennes, mais il était
trop tard pour intervenir... d'autant plus qu'elle ne
possédait même pas une carte de la
région qui lui aurait peut-être permis, en
empruntant un raccourci, de délivrer le Roi !
|

|

|