" Mini " Encyclopédie des
MOTS HISTORIQUES
prononcés (ou attribués) par des Souverains,
Hommes d'Etat et grands personnages
de l'
Histoire de France

CLOVIS

" SOUVIENS-TOI DU VASE DE SOISSONS ! " (486)

Au cours d'une campagne, des soldats ayant pillé l'église de Reims, CLOVIS, lors du partage du butin, à Soissons, souhaitant rendre un vase précieux à l'évêque, revendiqua le vase. Un soldat s'y opposa. CLOVIS, ayant quand même récupéré l'objet avec l'assentiment de sa troupe, ne dit rien. Mais quelque temps après, lors d'une revue d'armes, il reconnaît le soldat, lui jette sa francisque (hache) à terre sous prétexte de mauvaise tenue et, lorsque l'homme se baisse pour la ramasser, il lui fend la tête en prononçant la fameuse formule.
(D'après Grégoire de Tours)


" DIEU DE CLOTILDE, SI TU ME DONNES LA VICTOIRE,
JE ME FERAI CHRÉTIEN. " (496)

Lors de la Bataille de Tolbiac, contre les Alamans, CLOVIS, en difficulté, aurait prononcé cette phrase. La tradition, seule, l'indique mais il est de fait que, poussé par CLOTILDE,
il se fit baptiser peu après, avec 3000 de ses soldats. . .

PÉPIN LE BREF

" LEQUEL MÉRITE D'ÊTRE ROI, DE CELUI QUI DEMEURE
SANS INQUIÉTUDE ET SANS PÉRIL EN SON LOGIS, OU DE CELUI
QUI SUPPORTE LE POIDS DE TOUT LE ROYAUME ? " (751)

Question posée par PÉPIN au pape ZACHARIE.
Celui-ci, reconnaissant à CHARLES MARTEL (père de PÉPIN) et à son fils d'avoir écarté les Arabes et les Alamans, lui fit savoir qu'il le reconnaîtrait pour Roi si celui-ci le devenait.
PÉPIN déposa le dernier Mérovingien et ceignit la couronne en 752, premier de ceux qui,
grâce à CHARLEMAGNE, son fils, seront les Carolingiens.

PHILIPPE II AUGUSTE

" MA COURONNE AU PLUS BRAVE ! " (1214)

Il semble que ce soit un "résumé" de la harangue que le Roi adressa à ses troupes,
le matin de la bataille de Bouvines, contre l'empereur OTHON et le comte de FLANDRE,
qu'il remporta avec panache... méritant bien de conserver sa couronne.

PHILIPPE IV LE BEL

" NOUS QUI VOULONS TOUJOURS RAISON GARDER. " (1286)

Formule reprise, à diverses reprises, sous des formes différentes mais dans le même esprit,
par LOUIS XI, HENRI IV et LOUIS XIV.

RICHELIEU, lui, dira : "LA RAISON DOIT ÊTRE LA RÈGLE DE CONDUITE D'UN ÉTAT."

PHILIPPE VI

" QUI M'AIME ME SUIVE ! " (1328)


Appelé au secours par son vassal, Louis de NEVERS, et, certains de ses barons étant réticents,
le Roi les incita fortement à venir par ces quelques mots et rétablit l'ordre en Flandre.

JEANNE D'ARC

" IL AVAIT ÉTÉ À LA PEINE, C'ÉTAIT BIEN RAISON QU'IL FÛT À L'HONNEUR. " (1431)

Lors de son procès, interrogée sur le fait que son étendard ait figuré à Reims
lors du sacre de CHARLES VII, JEANNE y fit cette fière réponse.

FRANCOIS 1er

" TOUT EST PERDU, FORS L'HONNEUR. "(1525)

Encore un résumé, celui d'un billet déjà laconique envoyé par le Roi à sa mère,
au lendemain de la défaite de Pavie où il avait été fait prisonnier par CHARLES QUINT.

CHARLES IX

" TUEZ-LES, MAIS TUEZ-LES TOUS POUR QU'IL N'EN RESTE PAS UN
POUR ME LE REPROCHER. " (1572)

Les Huguenots (Protestants) étaient venus en nombre à Paris pour le mariage de Henri de NAVARRE, lui-même Protestant, avec la Catholique MARGUERITE, soeur du Roi.
Ils avaient faits de tels progrès, tant à la Ville qu'à la Cour où leur chef l'amiral de COLIGNY
était même devenu un Conseiller très écouté du Roi, que la reine-mère,
Catherine de MEDICIS, inquiète, décide d'en terminer avec eux en organisant
ce qui sera le "massacre de la Saint-Barthélémy.
Le Roi renâcle, mais faible de caractère et déjà malade, il cède aux injonctions de sa mère,
en prononçant ces terribles paroles.

HENRI III

" QU'IL EST GRAND, ENCORE PLUS GRAND MORT QUE VIVANT!"

" A PRÉSENT, JE SUIS ROI. " (1528)

Le Duc de GUISE, Catholique extrêmiste, rêvant de monter sur le trône à la place d'HENRI III
était une menace permanente pour le Roi qui n'avait guère d'autre alternative que de
"se débarrasser" de lui. Ce qui fut fait, au château de Blois par huit des "gardes du corps"
de HENRI III qui criblèrent traitreusement Henri de GUISE de coups d'épée.
La première des réflexions du Roi fut faite aussitôt après l'assassinat
et la seconde à sa mère qui doutait de la suite de ce coup d'éclat.

HENRI IV

" RALLIEZ-VOUS A MON PANACHE BLANC ! " (1590)

Encore une formule lapidaire qui résume "l'ordre du jour" du Roi en titre, depuis l'assassinat de HENRI III en 1589, mais toujours en lutte contre les extrêmistes Catholiques de la Ligue, conduit par le Duc de MAYENNE (frère de H. de GUISE), avant la bataille d'Ivry que le Roi remporta.


" PARIS VAUT BIEN UNE MESSE. " (1593)

Ce n'est pas HENRI IV qui a prononcé cette phrase mais plusieurs de ses Conseillers qui lui demandaient d'abjurer le Protestantisme afin d'être enfin sacré. Le Roi y consentit,
put entrer dans Paris et finit les "Guerres de Religions" par l'Edit de Nantes (1598).


" JE VEUX QUE CHAQUE LABOUREUR DE MON ROYAUME PUISSE METTRE LA POULE AU POT LE DIMANCHE. " (vers 1600)

Si cette formule n'a pas été réellement prononcée par le Roi, elle est bien dans l'esprit de celui-ci qui, après les dures années de guerre civile, souhaitait ramener la prospérité à son peuple.

Elle complète bien ce que disait son ministre
SULLY :
"LABOURAGE ET PATURAGE SONT LES DEUX MAMELLES DE LA FRANCE. "

LOUIS XIII

" C'EST UNE CHOSE ETRANGE QUE LA LÉGÈRETÉ DES FRANCAIS. " (1635)

Ce qu'écrivait le Roi à son ministre RICHELIEU avait déjà été constaté chez les Gaulois par CÉSAR (La Guerre des Gaules), puis par HENRI IV au sujet de ses troupes qui se débandaient leur solde payée, plus tard par LOUIS XVI au marquis de BOUILLÉ et, plus près de nous,
par le Général DE GAULLE,... pour n'en citer que quelques uns.

RICHELIEU

" SAVOIR DISSIMULER EST LE SAVOIR DES ROIS. " ((1636)

Cet alexandrin figure dans la tragédie "Mirame" peut-être écrite par RICHELIEU.
C'est tout à fait possible car elle est d'un grand politique
et LOUIS XIV saura l'appliquer à merveille.

MAZARIN
" IL A EN LUI L'ÉTOFFE DE QUOI FAIRE QUATRE ROIS ET UN HONNÊTE HOMME. " (vers 1653)

Quand MAZARIN prononce cette phrase, LOUIS XIV n'a même pas quinze ans et ce garçon à l'aspect volontairement "bonasse" ne laisse pas présager ce qu'il se révèlera être véritablement
dès la mort de son Parrain et Ministre.
Celui-ci, avait vu juste en décernant les qualités de son élève.

LOUIS XIV

" L'ÉTAT, C'EST MOI. " (1655)

Le Roi n'a jamais prononcé ces mots mais ils résument son intervention du 13 Avril
au Parlement de Paris qui semblait avoir, de nouveau, des vélléités frondeuses.
LOUIS XIV, qui aura bientôt 17 ans, revenant de la chasse à Vincennes, fait irruption
dans la salle des débats, botté, cravache en main et, dans une courte harangue,
rappelle aux Parlementaires, muets de stupeur, qu'il n'est pas question de délibérer
sur des Édits précédemment lus et publiés en sa présence.


" J'AI FAILLI ATTENDRE "

Encore des mots que le Roi n'a jamais prononcés car aucun auteur de Mémoires de l'époque,
même le féroce Saint-Simon qu'on ne peut suspecter de bienveillance envers le Roi, n'en parle.
Ce Mot a probablement été fabriqué plus tard pour ternir l'image du Roi qui, nombre de témoignages le disent, était trop maître de lui pour laisser échapper de tels propos.


" LA PLUS ÉCLATANTE VICTOIRE COÛTE TOUJOURS TROP CHER,
QUAND IL FAUT LA PAYER DU SANG DE SES SUJETS. " (1715)
Extrait d'une lettre confiée, quelques jours avant sa mort, par le Roi au Maréchal
de VILLEROY, afin d'être remise au futur LOUIS XV quand il aurait 17 ans.

TURENNE

" TU TREMBLES, CARCASSE, MAIS TU TREMBLERAIS BIEN DAVANTAGE
SI TU SAVAIS Où JE VAIS TE MENER " (1667)

Malgré son courage, Henri de LA TOUR D'AUVERGNE, vicomte de TURENNE,
ne pouvait s'empêcher de frissonner lorsqu'il partait au combat.
C'est avec colère qu'on l'entendit un jour marmonner ces mots.

COLBERT

" SI J'AVAIS FAIT POUR DIEU CE QUE J'AI FAIT POUR CET HOMME,
JE SERAI SAUVÉ DIX FOIS . " (1683)

Le Ministre, sur son lit de mort, désabusé, aurait fait cette réflexion au sujet de LOUIS XIV
qu'il servait fidèlement depuis de longues années, mais pour qui le Roi avait seulement de l'estime.

LOUIS XV

" TOUT CELA DURERA BIEN AUTANT QUE NOUS "

Réflexion pessimiste de ce Roi, intelligent, mais paralysé par le souvenir de son
arrière grand-père LOUIS XIV. Il aura cependant la force de soutenir les réformes mises
en place par le Chancelier MAUPEOU et, dans le domaine des Finances par l'abbé TERRAY,
qui, si le Roi avait vécu quelques années de plus, auraient probablement évité
la convocation des Etats Généraux en 1789... et peut-être la Révolution (?)

LOUIS XVI

" JE VOIS QU'IL N'Y A QUE MONSIEUR DE TURGOT ET MOI
QUI AIMIONS LE PEUPLE. " (1776)

Suite à plusieurs Edits susceptibles de réformer l'Etat en profondeur, l'oeuvre de TURGOT
se trouva attaquée de toutes parts par les privilégiés, nobles et bourgeois fortunés.
Malgré son accord avec le Ministre, LOUIS XVI, manquant d'énergie, cèda devant la tempête
et renvoya TURGOT... perdant ainsi, sans le savoir, l'occasion d'éviter la Révolution.

MIRABEAU

"ALLEZ DIRE ÀCEUX QUI VOUS ENVOIENT QUE NOUS SOMMES ICI
PAR LA VOLONTÉ NATIONALE ET QUE NOUS N'EN SORTIRONS
QUE PAR LA PUISSANCE DES BAÏONNETTES " (1789)

Le Roi ayant demandé aux trois Ordes (CLergé, Noblesse, Tiers-Etat) de sièger séparément,
ce dernier refusa d'évacuer la salle et c'est MIRABEAU qui fit cette célèbre réponse au
marquis de DREUX-BRÉZÉ. LOUIS XVI cèda. C'était la fin de la monarchie dite "absolue".

DANTON

" DE L'AUDACE, ENCORE DE L'AUDACE, TOUJOURS DE L'AUDACE ! " (1792)

En apprenant que l'armée ennemie était sur la route de Paris, il y eut un moment de panique tel qu'il fut question de replier le Gouvernement de la toute nouvelle République dans le Midi. DANTON s'y opposa dans un discours où ces mots furent prononcés et qui galvanisa la résistance.

 

Madame ROLAND

"Ô LIBERTÉ QUE DE CRIMES ON COMMET EN TON NOM ! " (1793)

Arrêtée en même temps que les chefs Girondins, Madame ROLAND fut conduite à l'échafaud et, c'est devant la statue de la Liberté (qui avait remplacé celle de LOUIS XV) sur la place de la Révolution (future place de la Concorde), qu'elle formula cette phrase.

LA ROCHEJAQUELEIN

" SI J'AVANCE, SUIVEZ-MOI ;
SI JE MEURS, VENGEZ-MOI ;
SI JE RECULE, TUEZ-MOI. " (1794)

C'est avant la bataille de Nouaillé, où il trouva la mort, que le chef Vendéen
Henri de LA ROCHEJAQUELEIN, prononça cette harangue aux troupes royalistes.

FOUQUIER-TINVILLE

" LA RÉPUBLIQUE N'A PAS BESOIN DE SAVANTS. " (1794)

Attribués à l'Accusateur public ces mots pourraient aussi bien être du Président du tribunal révolutionnaire René-François DUMAS ou du vice-Président COFFINHAL-DUBAIL.
Il furent prononcés lors de la condamnation à mort du chimiste LAVOISIER.
 
Avant de clôre ce chapître sur l'Ancien Régime et la Révolution, rappelons aussi :

" LE ROI EST MORT, VIVE LE ROI ! "

La tradition Capétienne, particulièrement codifiée sous LOUIS XIV, voulait qu'à la mort du Roi
et lors de son enterrement dans la Basilique Saint-Denis, l'on cria cette formule
pour saluer la dépouille de l'ancien souverain et acclamer le nouveau Roi.

Ainsi se justifiait aussi la phrase du Chancelier BRULART de SILLERY :
" EN FRANCE, LE ROI NE MEURT JAMAIS. "

Elle fut employée pour la dernière fois en 1824 lors des obsèques de LOUIS XVIII.

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