LE SECRET DU
"MASQUE DE FER"
|
LES FAITS
Le
24 Août 1669
arrive à
Pignerol,
forteresse française située entre
Briançon et Turin, un prisonnier,
envoyé par
LOUVOIS,
ministre de
LOUIS
XIV, confié à la garde de
Bénigne
de SAINT-MARS, ancien mousquetaire,
nommé sur la recommandation de
D'ARTAGNAN,
gouverneur du Donjon de
Pignerol lors de
la condamnation du surintendant
FOUQUET
lequel y est enfermé, en
1665.
La lettre de
LOUVOIS
précise :
" ... il est de la
dernière importance qu'il soit gardé avec une
grande sureté et qu'il ne puisse donner de ses
nouvelles en nulle manière et par lettre à qui
que ce soit... de faire en sorte que le lieu où il
sera ne donne point sur des lieux qui puissent être
abordés de personne et qu'il y ait assez se portes,
fermées les unes sur les autres, pour que vos
sentinelles ne puissent rien entendre.Il faudra que vous
portiez vous même à ce misérable, une
fois par jour, de quoi vivre toute la journée et que
vous n'écoutiez jamais, sous quelque prétexte
que ce puisse être, ce qu'il voudra vous dire, le
menaçant toujours de le faire mourir s'il vous ouvre
jamais la bouche pour vous parler d'autre choseque de ses
nécessités... "
|
|
1ère Remarque :
Non seulement le prisonnier est tenu au "secret
total", même vis à vis de son geolier,
mais, cas exceptionnel, c'est SAINT-MARS, lui-même,
qui doit lui apporter la nourriture!
ci-contre, la forteresse de
Pignerol
|
En 1680,
FOUQUET meurt
d'une crise d'apoplexie.
En 1681,
SAINT-MARS, qui
s'entend mal avec le gouverneur-général de
Pignerol,
sollicite un nouveau poste.
Il est nommé gouverneur d'une autre forteresse de la
région :
Exiles.
Il emmène avec lui deux des
prisonniers de
Pignerol.
En raison de la rigueur du climat et de
l'inconfort total des locaux de la forteresse, ces deux
prisonniers sont constamment malades. L'un des deux meurt en
1687.
|
En
1687,
M. de
SAINT-MARS
est nommé Capitaine-gouverneur des Iles
Sainte-Marguerite-Honorat de
Lérins.
Il doit s'y transporter avec son prisonnier survivant.
Le trajet se fait dans une chaise à 4 porteurs,
hermétiquement close, qui mène le
prisonnier
jusqu'à
Cannes.
Celui-ci voyage, le visage couvert d'un masque,
probablement de velours, ou peut-être
métallique
en partie, et termine son trajet en canot jusqu'à
Sainte-Marguerite.
En
1691,
LOUVOIS
meurt.
Son fils,
BARBEZIEUX
lui succède.
Sa première lettre est pour SAINT-MARS :
"... Lorsque vous
aurez quelque chose à me mander du prisonnier qui est
sous votre garde depuis vingt ans, je vous prie d'user des
mêmes précautions que vous faisiez quand vous
écriviez à M. de
LOUVOIS."
|
SAINT-MARS (1626-1708)
|
Le fort de
Sainte-Marguerite
|
La cellule du "Masque de
fer"
|
2ème Remarque :
Pour que la première missive du ministre soit
pour
SAINT-MARS au sujet de son mystérieux prisonnier,
il fallait que celui-ci soit d'une importance
capitale.
|
En 1698,
BARBEZIEUX
propose à
SAINT-MARS le
gouvernement de la
Bastille,
à
Paris.
Il s'y transporte donc avec son "ancien prisonnier" dans des
conditions analogues au précédent
transfert.
"Le Roi trouve bon que vous
passiez des Iles Sainte-Marguerite pour venir à la
Bastille avec votre ancien prisonnier, prenant vos
précautions pour empêcher qu'il soit ni vu ni
connu de personne... "
BARBEZIEUX
|
La
Bastille
|
Du Junca, Lieutenant du Roi à la
Bastille inscrit
sur le Registre d'écrou, le
18 septembre 1698
:
" ...monsieur de SAINT-MARS
est arrivé... Avec lui dans sa litière un
ancien prisonnier qu'il avait à Pignerol, lequel il
fait tenir toujours masqué, dont le nom ne se dit
pas... lequel prisonnier sera servi par M. de Rosargues, que
M. le Gouverneur nourrira. "
3ème remarque :
Quele Gouverneur nourrisse de ses propres deniers
un prisonnier indique bien que celui-ci est
un "hôte de marque".
|
Le 11 Novembre
1703, le malheureux captif meurt,
après une brève indisposition.
Il aurait été inhumé dans le
cimetière Saint-Paul sous le nom de
"MARCHIOLY"
(très proche de "MATTHIOLI", mais nom
probalement indiqué
par BARBEZIEUX,
alors que le vrai
MATTHIOLI
était décédé il y a plusieurs
années
à
Sainte-Marguerite).
4ème Remarque :
Des fouilles pratiquées ultérieurement
dans
l'ancien cimetière ont révèlé un
caveau vide.
Il est probable que pour éviter toutes recherches le
corps du prisonnier ,dont on a volontairement caché
l'âge, ait été inhumé dans la
fosse commune.
ci-contre, l'acte de
décès
|
|
|
suite
|