L'épopée de JEANNE D'ARC |
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Petit "Retour en arrière" : Depuis l'accession au trône de Philippe VI de Valois à la mort de son cousin Charles IV, dernier Capétien "direct", le Roi d'Angleterre Edouard III , époux de la soeur de celui-ci, prétend recueillir la couronne de France pour leur fils, et refuse l'hommage de vassalité qu'il doit à Philippe VI pour ses terres en Guyenne. Dès 1340, par des escarmouches régionales, une guerre maritime, le sanglant écrasement de la chevalerie française par la "piétaille" anglaise à Crécy (1346) et la prise de Calais (1347), (ce que l'on appelera) la Guerre de cent ans est commencée. Ensuite, c'est la peste noire qui, de 1347 à 1353, va décimer l'Europe et ruiner son économie. En 1356, nouveau conflit avec l'Angleterre et défaite française à Poitiers où le Roi Jean II le Bon, fils et successeur de Philippe VI, est fait prisonnier. Le dauphin Charles, futur Charles V, a beaucoup de mal à rétablir l'autorité royale et à délivrer son père ; ce qui sera fait en 1360. Des brigands dévastent le pays jusqu'en 1364 où Du Guesclin l'en débarasse. En 1380 Charles VI accède au trône mais malheureusement va être frappé par une folie "intermittente", dès 1392. Le conseil royal qui entoure la reine Isabeau et le dauphin Charles oppose principalement le frère du roi, Louis d'Orléans à son cousin Jean sans peur, duc de Bourgogne. En 1407 le duc de Bourgogne fait assassiner le duc d'Orléans et la lutte ouverte entre les deux clans affaiblit le pouvoir royal que Charles V le sage avait su restaurer. La menace anglaise les réconcilie un temps mais la défaite d'Azincourt (1415) va de nouveau les séparer. En 1419, le duc de Bourgogne à son tour est assassiné et la guerre reprend de plus belle entre Armagnacs (partisans des Orléans) et Bourguignons (qui se sont ralliés aux Anglais.). En 1420 le traité de Troyes partage le pays en quatre, sous la tutelle du roi d'Angleterre. Le dauphin Charles est déshérité ; le fils d'Henri V et de la fille de Charles VI sera roi de France. - carte ci-dessous - |
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L'Histoire de JEANNE |
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Vers 1412 naît à Domrémy, en Lorraine, la petite Jeanne, quatrième des cinq enfants (2 filles et 3 garçons) d'Isabelle et Jacques d'Arc. Ceux-ci sont des paysans aisés et si Jeanne garde parfois des moutons,ce n'est pas son occupation première qui est plutôt de participer aux tâches intérieures de la maison . Elle apprend à coudre, à filer et, chose rare à l'époque surtout pour les filles, à lire et à écrire grâce au curé du village qui l'a prise en sympathie en raison de la grande piété de la petite fille. Maison de Jeanne à Domrémy --> |
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C'est vers 1425 que l'adolescente aurait entendu pour la première fois des voix, dans un halo de lumière, (comme elle l'expliquera plus tard) qui lui enjoignent de "venir au secours du Roi de France." Cet appel se renouvelant fréquemment et lui précisant ce qu'elle doit faire ( ? ), en 1428 elle part trouver le puissant seigneur Robert de Baudricourt, fidèle du Roi et maître de la forteresse de Vaucouleurs, afin de lui demander de la conduire auprès de Charles VII . . . qu'elle appelle "le Dauphin" puisqu'il n'a pas été sacré. Celui-ci, la prenant pour une folle, la renvoie. Elle ne se décourage pas, revient à la charge et, six mois plus tard, Baudricourt , qui connaît la prophétie qui circule depuis des années "Le Royaume perdu par une femme (Isabeau) sera restauré par une jeune fille venue des marches (bordures) de Lorraine" et que le don de persuation de Jeanne a fini par convaincre, lui donne une petite escorte pour la conduire au Roi qui réside alors à Chinon. - voir sur la carte ci-dessus les principaux Points (*) jalonnant la vie de Jeanne - <-- Eglise Saint-Rémy, à Domrémy |
Fin Février 1429 elle arrive à Chinon. Charles qui a été prévenu de sa venue, hésite à la recevoir. Finalement il accepte et se mêle aux courtisans. Jeanne va directement le trouver et lui annonce que c'est Dieu qui l'envoie pour le faire sacrer à Reims. Après un court entretien en aparté le Roi semble radieux et convaincu de la mission de Jeanne. |
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Cependant, prudent, il va soumettre Jeanne à de nombreux interrogatoires menés par des théologiens afin de s'assurer, dans la mesure du possible, qu'elle ne ment pas en affirmant que "ses voix" lui sont envoyées par Dieu, et par des matrones afin de vérifier sa virginité puisqu'elle se dit "La Pucelle". Rassuré, il va lui faire confectionner une armure et un étendard (ce dernier selon les instructions de Jeanne) et lui fournir "une maison militaire" qui fait d'elle un véritable chef de guerre. Il ne reste plus qu'à la mettre à la tête d'une armée pour faire ses preuves... -- > Miniature du XV°siècle montrant Jeanne en armure, avec son épée (dont elle ne sert pas, afin de ne pas donner la mort, ... du moins pas avant le sacre)) et son étendard. |
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2/ Le triomphe : Depuis Octobre 1428, les anglais avec une forte armée, ont mis le siège devant Orléans, clé de la Loire pour rejoindre leurs possesions de Guyenne et, au passage, se rendre maître... peut-être ,de celui que par dérision on surnomme "le roi de Bourges", Charles, et des territoiresqui lui sont encore fidèles. Dès le début 1429 la situation est catastrophique pour Orléans, isolée de tout, sauf par un étroit passage encore libre par l'est. Jeanne arrive près d'Orléans fin Avril 1429 et, aidé par les armées de Dunois "le bâtard d'Orléans" (fils naturel de Charles d'Orléans prisonnier en Angleterre) et de La Hire, elle réussit à pénétrer dans la ville où elle est accueillie avec enthousiasme. Dans les jours qui vont suivre de nombreuses escarmouches et vraies batailles dans lesquelles Jeanne, infatigable, est toujours en tête(malgré une blessure), vont se succéder. Plusieurs bastides anglaises sont prises. - L'ennemi qui ricanait de Jeanne se démoralise. - Le Dimanche 8 Mai l'armée anglaise se range en ordre de bataille prête à donner l'assaut face aux forces françaises qui ont fait de même. Ils vont s'observer pendant une heure puis, à la surprise générale, en bon ordre, les Anglais vont se retirer levant ainsi, après une semaine de l'arrivée de Jeanne, le siège d'Orléans qui avait duré sept mois. |
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Orléans : Miniature de la "chronique abrégée des rois de France" (XV°siècle) |
Dessin à la plume exécuté par le greffier du parlement de Paris à l'annonce de la levée du siège |
(où, depuis le baptême de Clovis, avaient été couronnés la plupart de ses prédécesseurs) - On peut difficilement imaginer ce que signifiait "le sacre" à cette époque. Il faisait du Roi le représentant de Dieu sur terre, lequel lui confiait le bien-être du royaume de France. Charles "sacré"devenait alors, sans contestation possible, vraiment Roi de France ! - * Voir sur ce même site dans "Au temps des Capétiens" : Le sacre ...* |
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La cathédrale de Reims |
Jeanne insistait pour que le Roi vienne à Reims au plus tôt, mais celui-ci tergiversait car aller à Reims obligeait de traverser les territoires ennemis (voir carte ci-dessus), donc avec d'énormes risques ... Avant de s'engager sur la route de Reims il fallait d'abord sécuriser les bords de Loire. L'armée du Duc d'Alençon et de Jeanne d'Arc va s'emparer de Meung, de Beaugency, ... et remporter une grande victoire à Patay, faisant même prisonnier le général anglais Talbot. L'espoir est maintenant du côté français ! Le 29 Juin, les armées royales, regroupées, font route vers Reims. Auxerre, appartenant au Duc de Bourgogne, laisse le libre passage. A Troyes, ville où avait été signé le honteux traité qui déshéritait le Dauphin, après tractations et promese d'amnistie totale, la ville fait sa reddition. Le 16 Juillet, le Roi est accueilli par les notables et le peuple de la ville de Reims ... bien que la région soit toujours sous l'obédience bouguignonne depuis ce fameux traité. |
A l'aube de ce 17 Juillet 1429 les évêques viennent chercher le Roi au palais épiscopal pour le conduire à la cathédrale, laquelle se remplit de monde. Jeanne chevauche elle aussi en direction de celle-ci, acclamée par la foule du peuple qui se presse aussi vers le lieu du sacre. Des tapisseries ont été accrochées à l'intérieur et des milliers de cierges allumés. Le soleil diffuse à travers les vitraux une lumière bleutée. Charles s'agenouille sur un coussin fleurdelysée, Jeanne à ses côtés, et prononce les formules rituelles. Puis l'archevêque de Reims, avec une aiguille d'or, dépose sur le Roi quelques parcelles de l'huile de la Sainte Ampoule ; les Pairs du Royaume lui présentent les symboles de la puissance royale : épée, sceptre, main de justice, éperons,... et l'archevêque lui pose la couronne sur la tête sous les acclamations de la foule alors que les cloches sonnent à toute volée. Charles VII est enfin Roi devant Dieu et devant les hommes ; la "mission" de Jeanne est accomplie. Février à Juillet 1429 ; six mois du périple de Jeanne qui ont complètement changé le déroulement del'Histoire de la France. |
Le Sacre, fresque de Lepneveu (XIX°siècle), au Panthéon de Paris |
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