A partir de 1766 nous constatons, par la correspondance qui lui est adressée sous divers pseudonymes,
tous féminins, que le Chevalier semble vivre le plus souvent en habits de femme.

Obligation pour des missions secrètes ou choix personnel ?

Certains pseudo-historiens penchent pour la première solution en s'appuyant sur le récit de Gaillardet
(dans ses "Mémoires du chevalier d'Eon") prétendant que George III aurait surpris son épouse
en galante compagnie du Chevalier qui se serait dès lors fait passer pour... une Chevalière !
Rien de tout celà n'est avéré mais les transformations fréquentes du Chevalier en Dame se répandent
à Londres et le bruit finira par arriver jusqu'à Versailles.

Il semblerait plutôt que, psychologiquement, d'Eon, à qui rappelons-le, on ne connait aucune liaison,
se complaise de plus en plus en costume féminin... bien qu'il continue à s'entrainer aux armes blanches.
Celà prend de telles proportions que les parieurs anglais prennent l'habitude de miser sur le véritable sexe du Chevalier, ce qui finit par l'agacer ; il décide de voyager le temps de se faire oublier...
ce qui n'est pas sans inquièter la Cour de France qui craint que des papiers compromettant
finissent par tomber entre les mains des Anglais.

1773 : Louis XV va envoyer un autre "agent secret" à Londres, un certain Chevalier de Ronac qui n'est autre que Caron de Beaumarchais (le créateur de Figaro) afin de négocier le retour des papiers
ainsi que certaines libelles écrites par un pamphétaire contre la favorite, Madame du Barry.

L'année suivante le Roi est mort. Louis XVI qui lui succède n'aime guère les aventuriers
mais il veut récupérer les documents du "cabinet secret" de son grand-père.
Beaumarchais s'entremet à nouveau et, contre une forme somme d'argent et la promesse de pouvoir rentrer en France s'il reconnait être une femme et n'en plus quitter l'habit,
d'Eon va rendre les papiers.



En 1777 le voilà donc de retour en France mais en uniforme de Capitaine des Dragons !
Il lui est alors enjoint d'obtempérer et de changer de costume s'il ne veut pas séjourner à la Bastille.
Il obéit et est même présenté à la Cour mais Charles-Geneviève a vieilli, s'est épaissi sans doute car les Chroniques de l'époque se gaussent de son allure "hommasse" sous ses habits féminins.
Cependant il (elle) est reçu(e) dans les meilleures familles fréquentant la Cour.

Sa paranoïa pourtant ne s'est pas calmée ; elle s'exerce maintenant sur Beaumarchais
qu'il (elle) estime l'avoir trompé(e).

L'année suivante il (elle) veut s'engager dans l'armée qui doit venir renforcer les Insurgents d'Amérique contre les Anglais, ce qui lui est évidemment refusé.
Furieux(furieuse) il (elle) veut alors regagner l'Angleterre. Nouveau refus, la France étant en conflit larvé contre ce pays.

Provoquant le scandale il lui est intimé de s'exiler dans sa propriété de Tonnerre ; il (elle) n'obtempère pas et se promène en uniforme des Dragons dans Versailles !
Si bien qu'un matin il (elle) est arrêté(e) et conduit(e) à Dijon puis à Tonnerre.


Il (elle) va occuper son exil à aménager son domaine et à rendre maints services à ses concitoyens.
Il (elle) écrit beaucoup, se ruine en habillement, en réceptions
(il ou elle est aussi beaucoup reçu par l'aristocratie locale)... et en charités de toutes sortes.

La paix ayant été signé avec l'Angleterre, en 1783, rien ne s'oppose plus à ce que d'Eon y retourne pour y récupérer ses livres et ses papiers. En 1785 il (elle) est à Londres où il (elle) se réinstalle !
Il (elle) va "améliorer son ordinaire" en s'exhibant dans des tournois d'escrime en habits féminins.
C'est en 1787 que va avoir lieu son fameux duel contre le Chevalier de Saint-Georges,
célèbre bretteur mulâtre, qu'il (elle) va toucher à plusieur reprises.



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