L'AFFAIRE DU COLLIER DE LA REINE
une des pièces importantes qui participera à la chûte de la Monarchie ? |
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Le contexte : A l'époque de l'Affaire, nous sommes en 1785. Louis XVI règne depuis 1774. Il avait épousé Marie-Antoinette d'Autriche en 1770. Elle allait avoir 15 ans et Louis (alors Dauphin), 16. La jeune princesse est aussitôt adoptée par le roi Louis XV, grand-père de son époux, et par tout un peuple qui voit dans ce jeune couple l'espoir d'un règne heureux... Si jeune et adulée par tous elle va se lancer dans la frivolité, bien compréhensible à son âge mais qui sera incompatible avec son rôle de Reine, quatre ans plus tard, à la mort de Louis XV quand le Dauphin devient Louis XVI. Entourée d'une coterie qui lui masque les réalités du règne et par un mari qui lui passe tous ses caprices, elle, pourant d'une nature bonne et généreuse, va commettre des impairs qui, amplifiés par les adversaires du gouvernement royal et leurs pamphlétaires va vite la rendre impopulaire auprès du peuple qui va la surnommer "l'Autrichienne" et la rendre responsable de tous ses maux ! |
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" L'Affaire " |
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Réplique du Collier |
L'origine et l'objet : Le 12 juillet 1785, le bijoutier Böhmer vient à Versailles présenter à la Reine quelques bijoux, et lui remettre une lettre de son associé Bassenge dans laquelle il est question d'une parure de diamants d'une valeur de 1 600 000 livres ... ( soit 7 millions d'euros actuels !) que déjà précédemment le Roi et la Reine avaient refusé d'acheter. Dans cette lettre, jugée si peu claire et inutile par Marie-Antoinette, qu'elle la brûlat, il était question "d'arrangements "... Un mois plus tard, Böhmer surpris de ne pas avoir de réponse, révèle à Madame Campan, femme de chambre de la Reine, que cette dernière aurait acheté le collier par l'intermédiaire du cardinal de Rohan. Madame Campan, connaissant l'aversion de la Reine pour Rohan, avertit celle-ci qui tombe des nues et convoque le joaillier qui, de bonne foi, lui explique la transaction qu'il croit faite avec l'aval de la Reine. |
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L'erreur : La Reine, outrée, pense à un complot ourdi par Rohan pour la discréditer et en appelle au Roi. Celui-ci convoque le Cardinal qui, sur de lui, affirme avoir des lettres de la Reine attestant cette commande. Marie-Antoinette est indignée et Louis XVI commet l'erreur de faire arrêter le prélat, Louis de Rohan, grand aumônier de France, dans la grande galerie de Versailles, en habit cardinalice ,de le faire enfermer à la Bastille et mettre en jugement devant le Parlement de Paris ; le scandale est énorme ! Louis de Rohan est non seulement Cardinal, mais c'est aussi un Prince. Aussi une grande partie de la Noblesse et de l'Eglise vont prendre son parti. Quant au peuple il est déjà résolument contre "l'Autrichienne". |
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Les faits: Si complot il y a, il n'est pas du fait du Cardinal de Rohan, mais d'une certaine Comtesse de la Motte dont le seul but est de se procurer une énorme somme d'argent... Mais ceci ne sera évidemment su que plus tard, au cours du procès. Le Cardinal fut dupé mais Pourquoi ? Comment ? Par Qui ? Le Prince-Cardinal Louis de Rohan, bien que grand Aumônier de France n'était pas "bien en Cour", assez maladroit , mal considéré par la Reine et son entourage, il souhaitait se rapprocher de Marie-Antoinette et il crut que l'occasion lui en était fournie en servant d'intermédiaire entre la Reine et le joaillier... Jeanne de Valois, authentique descendante lointaine des Valois et Comtesse de la Motte par mariage avec un pseudo Comte, était une intrigante fort rusée qui était arrivée à s'introduire dans l'intimité de Rohan et à lui faire croire qu'elle était devenue amie avec la Reine. |
Le Cardinal de Rohan |
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La Comtesse de la Motte |
Aidée par son secrétaire et amant Réteaux de Villette, remarquable faussaire, elle avait fait prvenir à Rohan un billet (imité) de la main de la Reine qui, en signe de réconciliation, lui demandait une certaine somme pour une oeuvre charitable. Il s'exécuta avec plaisir et de ce jour, pensant que la Comtesse lui était toute dévouée, la combla de largesses. Ayant eu connaissance du fameux collier que Böhmer et Bassange n'arrivaient pas à vendre elle conçut le plan de le faire acheter par Rohan, soi-disant pour la Reine, afin de le récupérer, en démonter les pierres et les vendre à son profit et à celui de ses comparses. Pour celà il fallait continuer à duper le Cardinal en lui faisant obtenir une (fausse) entrevue avec la Reine. Pour y parvenir, il fallait trouver "un sosie" de la Reine, un lieu discret et plausible pour la rencontre ainsi qu'une heure assez tardive pour que l'illusion soit parfaite. Le lieu ce fut un bosquet du parc de Versailles, à l'époque ouvert à tous, à la nuit tombée. Restait à trouver "une Reine"... |
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Restait à organiser la grosse affaire : l'achat du collier. A nouveau, une fausse lettre, signée Marie-Antoinette "de France" ( ! ) - alors que les rois et reines n'indiquent que leur prénom -, invite le Cardinal à acheter le collier par son intermédiaire. Celui-ci tout heureux et se voyant déjà Premier ministre rencontre les joailliers et leur signe une "lettre de change", lesquels lui remettent le collier... Réteaux de Villette jouant le rôle d'un valet de la Reine s'en empare. Le collier est aussitôt dépecé et les pierres envoyées à Londres pour y être vendues. C'est alors que Böhmer n'ayant aucune nouvelle se manifeste auprès de Madame Campan. Après maintes péripéties tous les comparses sont arrêtés. Madame de la Motte persiste à faire croire que c'est bien la Reine qu'a rencontré le Cardinal jusqu'à être convaincue de son mensonge par Mlle. d'Oliva retrouvée en Hollande... Au procès, où la conduite de Marie-Antoinette fut mise en accusation, le Cardinal fut mis hors de cause par le Parlement, Mlle. d'Oliva pardonnée, Réteaux de Villette banni du royaume, le Comte de la Motte, enfui, condamné par contumace. Quand à Madame de la Motte elle fut condamnée à être fouettée, marquée au fer et emprisonnée. (Elle s'évadera quelques mois plus tard pour l' Angleterre.) Note : Le fameux "mage" Cagliostro, en tant qu'ami du Cardinal, fut aussi accusé et emprisonné ... alors qu'il n'était pas en France au moment des faits ! Innocenté lui aussi, il fut libéré en même temps que le Cardinal de Rohan mais, comme celui-ci, aussi exilé ! Si le Roi avait décidé, en tant que juge suprême de France, de ne pas faire d'esclande et de rendre lui-même la justice, la Reine et la Monarchie n'auraient pas été éclaboussés par ce scandale. La Révolution, qui éclatera quatre ans plus tard, se profile déjà ! |
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