"HENRI V" ou " une Restauration manquée "
Henri Ier petit-fils de Hugues Capet le fondateur de la lignée capétienne, Henri II et Henri III fils et petit-fils de François Ier de la branche des Valois, Henri IV cousin de Henri III et premier monarque de la branche des Bourbons, on connaît. Mais Henri V qui est-il ? Après Henri IV il n'y a plus eu que des Louis et le dernier Roi était Louis-Philippe chassé du trône en 1848. Alors pourquoi Henri V ? Et bien c'est qu'en 1873, sous la 3°République, établie depuis 3 ans après l'abdication de Napoléon III, il a bien failli y avoir une restauration de la monarchie... Pour comprendre, reprenons cette histoire à son commencement.	"Propagande légitimiste" représentant Charles X et ses proches.
La Duchesse de Berry et le Duc de Bordeaux devant un buste du Duc de Berry	Depuis 1814, après l'intermède du retour de Napoléon Ier (les Cent jours), les Bourbons, avec Louis XVIII, premier frère de Louis XVI, ont retrouvé le trône de France. Mais le monarque n'a pas d'enfant et c'est le second frère qui lui succèdera en 1824, le Comte d'Artois qui sera Charles X. Celui-ci a deux fils : Angoulême et Berry. Le premier n'a pas d'enfant et l'héritier présomptif est le Duc de Berry qui a une fille...mais les femmes ne peuvent pas règner en France (de par la Loi dite "salique") Or, le 13 Février 1820, le Duc de Berry est assassiné. Cependant la Duchesse était enceinte et, le 29 Septembre, elle accouche d'un garçon aussitôt titré Duc de Bordeaux ; c'est l'espoir de la dynastie.
Mais, en Juillet 1830 c'est la Révolution. Charles X abdique (ainsi que le Duc d'Angoulême qui aurait pu être Louis XIX) . Il le fait en faveur de son petit-fils Henri, Duc de Bordeaux qui devrait donc devenir Henri V, sous la Régence de son cousin Louis-Philippe d'Orléans. Les choses ne se passeront pas comme le souhaitait Charles X. C'est Louis-Philippe, son cousin (descendant du frère de Louis XIV), qui devient "Roi des Français" (et non plus de France) et toute la famille royale s'embarque pour l'exil...d'abord pour l'Angleterre qu'elle quittera pour l'empire autrichien deux ans plus tard.
16 Août 1830, à Cherbourg, départ de Charles X et des siens
A partir de ce moment les Royalistes vont se partager en deux camps : les partisans de "Henri V", les Légitimistes et ceux de Louis-Philippe, les Orléanistes. En 1832, la Duchesse de Berry pensera pouvoir soulever les royalistes et particulièrement la Vendée contre Louis-Philippe, mais elle échoue et sa folle équipée s'achèvera par une arrestation et la discréditera aux yeux de tous. 1836 : mort de Charles X 1844: mort du Duc d'Angoulême ( "Louis XIX" ) C'est à partir de ce moment que le Duc de Bordeaux, (pour les monarchistes "Henri V") devenu le seul héritier "direct" prend officiellement le titre de Comte de Chambord (en souvenir du château que les Français, par une souscription nationale, lui avait offert à sa naissance). En 1846, il épouse Marie-Thérèse de Modène dont il n'aura pas d'enfant. En 1848, Louis-Philippe, à son tour, doit abdiquer et s'exiler. Une seconde République est proclamée. Bien que depuis 1830 des contacts aient été pris entre "légitimistes" et "orléanistes" pour essayer de réconcilier les deux branches des Bourbons,les dissensions demeurent. Après la révolution de 1848 et la proclamation de la République, on tente à nouveau le rapprochement afin de favoriser un retour à la monarchie. De nouvelles tractations avec les princes d'Orléans pourraient amener le retour de "Henri V" à Paris mais la "fusion monarchique" tardant à se faire, malgré une Chambre qui comporte beaucoup de royalistes, c'est Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, qui est élu Président de la République. Il se fera proclamer Empereur, sous le nom de Napoléon III, le 2 Décembre 1852 après un "coup d'Etat" réalisé un an plus tôt.
Ce n'est qu'après la défaite de 1870 et l'abdication de Napoléon III que les contacts reprennent. Les Orléans sont favorables au rapprochement, sachant maintenant que le couple Chambord n'aura pas d'enfant et que, selon les lois de succession de la monarchie française, le droit à la couronne leur reviendra automatiquement à la mort du Comte de Chambord. "Henri V" lance plusieurs proclamations aux Français. La nouvelle Chambre élue est, en 1873, essentiellement monarchiste. Le moment est favorable à la Restauration.	Entrevue entre les princes d'Orléans et le Comte de Chambord, en 1873
Réception d'une délégation de la Chambre par le Comte de Chambord	En 1873 maintes tractations ont lieu entre les généraux , les partis monarchistes et le Comte de Chambord au sujet de son retour. Lui-même fait des allers-retours entre l'Autriche et la France. Fin Octobre l'accord semble presque acquis. On prépare tout pour l'avénement du roi Henri V. Mais "le Roi" souhaite le retour à la "Monarchie légitime" de ses ancêtres et non à une Monarchie où il serait désigné par la Chambre ; de ce côté il obtient des garanties.
Par contre il ne veut pas entendre parler du drapeau tricolore qu'il considère comme étant celui de la Révolution et exige le retour au drapeau blanc. Les généraux et les députés s'y opposent, soit par principe, soit craignant une insurrection des républicains et des bonapartistes... Malgré un certains nombre de propositions pour essayer de trouver un accord sur le sujet, le Comte de Chambord refuse de céder sur ce point qui, à première vue, peut paraître assez futile mais qui, pour "le Roi" était capital puisqu'il concernait l'idée qu'il avait toujours eu du "principe de la monarchie" : "Mon principe est tout, ma personne n'est rien." Le maréchal Mac-Mahon, Président "provisoire" de la République, favorable à Henri V, ne peut pas accepter le reniement du drapeau tricolore. Début Novembre, l'Assemblée vote le septennat présidentiel avec Mac Mahon pour Président de la République maintenant véritablement établie.
Dans les années qui suivirent les contacts se poursuivirent entre le prince et les hommes politiques et généraux français mais l'espoir de Restauration s'amenuisait. En 1883, le Comte de Chambord tomba malade et mourut en Août de cette année. Il fut inhumé dans la crypte de la Castagnavizza, à Goritz (Autriche) auprès de de son grand-père Charles X et du Duc et de la Duchesse d'Angoulême ses oncle et tante. En 1886 la Comtesse de Chambord l'y rejoignit. La branche des Bourbons de France s'étant éteinte avec le Comte de Chambord, celle des Orléans, enfants de Louis-Philippe, ( branche descendant de Philippe, frère de Louis XIV) devenait "dynaste". Elle a toujours des descendants.	" HENRI V "
Principales sources : Jean-Paul GARNIER : Le drapeau blanc Luidgi BADER : Le Comte de Chambord
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